Le 13 août 2026 Amélie Nothomb aura cinquante neuf ans, et telle Prétextat Tach, le héros de son premier livre (Hygiène de l'assassin, Albin Michel, 1992), elle cessera définitivement d'écrire. Elle aura écrit assez pour, comme Prétextat, continuer à publier des «vidanges de tiroirs» capables de lui assurer une belle carrière d'après labeur, et, pourquoi pas, comme Prétextat, d'en recevoir le
Prix Nobel. Déjà, en 2001, à l'occasion de la publication de son dixième roman, Amélie Nothomb avoue qu'elle en a 39 dans ses tiroirs, dix publiés, donc, et 29 qui ne regardent qu'elle. Qui la regardent au point de la jauger, de la juger, de maudire cette vie d'ange, vies d'ange de tiroir. Là s'arrête la comparaison avec Prétextat Tach, d'abord parce que pour le Nobel, ce n'est pas gagné, et parce que Tach est un assassin, pas Amélie Nothomb, elle est pire: c'est elle qui tire toutes les ficelles.
Le 14 août 2026, donc, le lendemain de son cinquante neuvième anniversaire, après qu'elle aura cessé d'écrire, Amélie Nothomb commencera, avec autant de sérieux qu'elle aura réussi sa vie littéraire, une carrière de contorsionniste. Elle a le don. Elle dit qu'elle est comme Gaston-Latex, vous savez, le Gaston-Latex de Gaston Lagaffe, on peut la froisser comme un chiffon, elle tient n'importe quelle pose, à titre d'échantillon elle met ses pouces à l'envers, et se souvient que ce talent d'Amélie-Caoutchouc lui a sauvé la vie une fois ou l'autre lorsqu'en Thaïlande elle sautait en parachute depuis