Greensboro envoyé spécial
Quand une bibliothèque ouvre dans un village autour de Greensboro ou qu'une autre, plus grande, acquiert son millionième volume, on demande à Fred Chappell de faire un poème pour l'occa sion. En 1997, il a été nommé pour cinq ans «poète lauréat de la Caroline du Nord». A priori, pourtant, rien d'officiel chez cet écrivain très rieur de 65 ans dont Ma famille inoubliable (voir chronique) est le quatrième roman traduit en français (il y a aussi deux recueils de nouvelles). Il a publié aux Etats-Unis plus de dix recueils de poésie, ainsi que des essais. Mais, plus qu'un écrivain du Sud, avec tous les stéréotypes afférents, il est un écrivain de la Caroline du Nord, des Appalaches. Il est né à Canton, dans l'état, en 1935. Ses personnages sont souvent des enfants, les adultes, pour leur part, étant généralement pasteurs ou fermiers. Ça ne correspond à rien de biographique si ce n'est qu'il a vécu dans une ferme et que, si ses parents tenaient un magasin de meubles, ils «avaient une grande vénération pour les pasteurs méthodistes». Le héros de l'Hameçon d'or, son premier roman, traduit dès 1965 par Maurice-Edgar Coindreau et préfacé par Michel Gresset (en «Etrangère», chez Gallimard) est un faux pasteur très sexué qui invente son autobiographie avec ses souvenirs d'enfance. Un petit garçon cruel qui influe à sa façon sur la lourde vie d'une famille bancale dans une ferme voit ses actions immanquablement prévues par sa petite soeur qu'il adore dans Prémoni