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Libération

Les histoires de l'oncle Fred

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publié le 30 août 2001 à 0h31

A quoi sert un enfant dans un roman? La petite narratrice de Ce que savait Maisie permettait à Henry James de raconter deux histoires à la fois: celle que l'enfant percevait sans la comprendre et celle que les adultes, les lecteurs, saisissaient. Il y a cela aussi dans Ma famille inoubliable. Quand le père évoque un jeune garçon et une jeune fille qui iront peut-être à «Capote Junction», ville qui ne correspond à rien dans la géographie de la Caroline du Nord, la mère lui demande de parler d'autre chose. «Ce qui m'allait très bien, parce que je ne comprenais pas de quoi il parlait de toute façon», commente le narrateur qui a autour de 11 ans. Mais Fred Chappell va plus loin. L'imagination débridée de l'enfant contamine perpétuellement la narration apparemment réaliste avec humour et efficacité. Ce que l'enfant ressent n'intervient pas dans le texte comme un sentiment, une sensation, mais comme un élément générateur de l'intrigue.

Dans «l'Inondation», brève introduction au roman, le père et le fils ont l'idée de construire un petit pont sur le ruisseau qui passe dans le jardin, avec un joli ruban rouge à couper pour l'inauguration, afin de faire une bonne surprise à la mère qui rentre à la maison après un voyage de quelques jours. Mais, alors que tout est fini, les gens du barrage, plus haut, ouvrent les vannes, et l'eau emporte le pont, ne laissant que des ruines immondes. La mère arrive à ce moment, au coeur de ce désarroi. «Salauds», dit le père. Puis la mère semble compren