La Caissière est le second roman de Michel Waldberg. Pour cet écrivain tombé dans le surréalisme dès son enfance, le roman reste une concession qui lui permet d'aimanter les choses vues et rêvées et de transfigurer des histoires, souvent les siennes. Déjà, avec Mort d'un chien, le roman cédait le pas au récit de la vie d'une bande d'écrivains et d'artistes, plutôt décalés dans la société marchande. On parvenait au bout du livre en oubliant que c'était une fiction, ravi par deux heures de prose.
Ce n'est pas que Michel Waldberg ne sache pas construire une intrigue, c'est plutôt qu'il ne veut pas donner le change. Le réel n'est pas plus rationnel que romanesque. Reste que ce «peu de réalité» ne peut trouver sa cohésion que dans l'écriture. Celle de Waldberg est captivante, et La Caissière en est un nouvel exemple. L'histoire est minimale et se situe vingt ans après Mort d'un chien. Emmanuel D'Ombre et son épouse Juana ont émigré de Paris vers le «Bronx» de Saint-Denis. L'un écrit pendant que l'autre peint. Ils ont longtemps vécu sur un héritage, mais le temps des petites annonces est venu. Après les inévitables petits boulots, Juana est embauchée dans une grande surface.
C'est le spleen de la caissière de supermarché que décrit Michel Waldberg. Un monde plus «impitoyable» que Dallas, gouverné par les «cheffes» de la caisse centrale, où l'espionnite et la délation à la solde du capital sont les deux mamelles du rendement. Première humiliation, le règlement intérieur et l'inévitab