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Libération
Critique

Stephen le héros

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Rapide et sans complaisance, le maître mondial du thriller raconte sa vie et comment il a écrit la plupart de ses livres.
publié le 6 septembre 2001 à 0h44

A l'âge de cinq ans, le futur auteur de Dolores Claiborne demanda à sa mère si elle avait déjà vu quelqu'un mourir. «Oui», lui répondit-elle, un marin qui s'était jeté du toit de l'hôtel Graymore à Portland, ajoutant: «Il a giclé partout. Le truc qui a giclé de lui était vert, je ne l'ai jamais oublié.» Le petit Stevie n'oubliera jamais non plus cette matière verte, devenue avec le temps l'une des composantes de l'oeuvre qui a fait de lui le maître universellement reconnu de l'horreur. Ecriture est le second livre de réflexion de King consacré à son métier - le premier, traduit sous le titre Anatomie de l'horreur (J'ai Lu), énumérait jusqu'à la nausée les comic-books, romans fantastiques et de SF, films et téléfilms ayant nourri son imaginaire. C'est aussi le plus sobre, car comme le dit l'auteur: «Ce livre n'est pas bien long pour la simple raison que les livres qui parlent d'écriture sont pleins de conneries.» Le ton d'emblée est donné d'un document exceptionnel quoiqu'un peu rude et nullement consensuel, qui se situe à l'opposé du désormais fameux Art du suspense de Patricia Highsmith.

L'ouvrage se compose de deux parties. La première, «CV», raconte sur un rythme rapide et de façon peu complaisante sa vie et la naissance de ses livres. Le lecteur avisé ne pourra s'empêcher de comparer ces pages à certains passages des romans de King, notamment à la première et lumineuse partie du récent Coeurs perdus en Atlantide. On y apprend, mais on le supputait, que sa jeune sensibilit