Tout Catherine Lépront est dans le Café Zimmermann. La jubilation de la rencontre amoureuse. L'élan de la phrase pour cerner les affrontements, et la succession des points de vue pour mieux éclairer l'action qu'ils compliquent ainsi à plaisir. L'individu sur le chemin de la liberté, et le groupe comme un choeur pour le soutenir, ou le circonvenir. Les retours en arrière, les ruptures de temps, qui permettent de raconter, de raconter encore et encore, tant et si bien que ses romans s'enroulent en spirale, et que la lecture s'accompagne d'un léger vertige.
Voici ce qui nous occupe aujourd'hui: «ce festival de R. où l'Ensemble du Nord est venu jouer le 1052.» Soit le Concerto pour clavecin en ré mineur BWV 1052 de Jean-Sébastien Bach. C'était en 1984, se souvient l'administrateur du centre culturel de la ville de R., Gabriel Meuret, dont la vie a pris un autre cours à cause de ces musiciens danois, deux violonistes, une altiste qui va lui plaire beaucoup, un violoncelliste génial, enfin le chef et claveciniste Vilhem Zachariasen, accompagné de son épouse, Hanne, d'une insistante évanescence. Prononcez «Murray», et notre Meuret Gabriel est déjà un autre homme, saisi par «le caractère inconditionnel et impérieux de l'amitié» qu'il éprouve pour Zachariasen dès leur première entrevue. Il y aura trois concerts, des répétitions, des leçons publiques.
Evidemment, le Café Zimmermann, neuvième roman de Catherine Lépront (elle est l'auteur de bien plus de livres, voir page suivante) est un