Menu
Libération
Critique

L'avis d'Ovide.

Article réservé aux abonnés
Une nouvelle traduction, en vers, des «Métamorphoses», occasion de revenir sur la vie de celui qui aima Livie (et beaucoup d'autres) et mourut en exil.
publié le 15 septembre 2001 à 0h49

«Me miserum, me miserum (pauvre de moi, oh pauvre de moi!)», ne cesse de se plaindre Ovide se promenant sur la misérable plage de Tomes, les yeux embués de larmes, le regard perdu sur la mer Noire (la plus triste des mers), dont l'horizon même est irrémédiablement opposé à celui de Rome. Rome où l'élégant, riche et célèbre poète vivait et brillait et qu'il dut quitter précipitamment en décembre de l'an 8 ap. J.-C., sur ordre irrévocable d'Auguste. Rome où personne ou presque, n'a entendu parler de Tomes, aujourd'hui Constantza dans l'actuelle Roumanie, aux confins extrêmes de l'Empire. Ovide, alors âgé de plus de 50 ans, est le seul survivant des grands poètes de sa génération, qu'il avait connus et dont certains avaient été des amis (Virgile est mort en 19 av. J.-C., Tibulle en 18, Properce en 17, Horace en 9). Auteur à succès, notamment auprès du public féminin, il avait débuté avec des livres d'élégies érotiques pour la plupart (pornographiques selon ses adversaires) tels les Amours ou l'Art d'aimer mais il vient juste de terminer une oeuvre qui, sans répondre aux attentes du pouvoir, est plus difficilement censurable: les Métamorphoses, dont paraît aujourd'hui une nouvelle traduction.

De dizaines d'hypothèses ont été échafaudées pour expliquer la condamnation d'Ovide, des centaines de thèses universitaires lui ont été consacrées. Ovide avance deux raisons: l'une tiendrait à la nature même de son oeuvre, à ses carmina; l'autre relèverait d'une error, d'une bêtise qu'il aur