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Critique

Will est vinaigre.

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Pour le Britannique Will Self, ce n'est pas sous prétexte qu'on est mort qu'il faudrait se priver de pourrir la vie des vivants.
publié le 15 septembre 2001 à 0h49

Eût-on été en très grande forme critique qu'on eût pondu un développement très fin sur Hegel, voire Hegel revu par Debord, à propos de Ainsi vivent les morts, qui a failli s'appeler la Vie des morts, titre hélas déjà utilisé par Arnaud Desplechin. Par exemple, sur la découverte par l'héroïne que «le style était la personnalité et que notre sens du moi n'était qu'un ensemble de manies et d'émotions négatives» ­ puisqu'une fois morte, elle s'emmerde autant que vivante (à moins que ce ne soit justement le contraire) ­ on vous eût balancé des trucs sur «la vie de ce qui est mort, se mouvant en soi-même» ou même carrément le paragraphe 375 du Précis de l'Encyclopédie des Sciences philosophiques concernant la maladie de la mort (donc de la vie), «maladie originaire de l'animal»: «L'individu la met de côté [son inadéquation à l'universel] en informant son individualité dans l'universel, mais alors, comme elle est abstraite et immédiate, il ne parvient qu'à une objectivité abstraite où son activité s'est émoussée, ossifiée et où sa vie est devenue une habitude sans processus, ainsi elle se tue elle-même.» Oui, c'est sans aucun scrupule qu'on l'eût fait, étant donné les antécédents philosophiques de Will Self à Oxford. Mais comme ceux qui voient à quoi l'on pense peuvent y penser tout seul, on n'en parlera pas.

A la place, disons que c'est l'histoire de Lily Bloom. Self jure que ce nom ne doit rien à Joyce. Il veut seulement dire Lis En fleur, et donc pas loin d'être fanée. Lily est u