«ICI ON NOIE LES ALGERIENS». Graffitée sur un pont parisien, cette inscription est au centre d'une photo publiée dans l'Humanité en 1961. La photo figure aussi en couverture d'un livre sobrement titré: Le 17 octobre 1961, Un crime d'Etat à Paris. L'ouvrage s'applique à reprendre point par point le déroulement de la vaste «ratonnade» anti-Algériens, qui se déroula la nuit du 17 octobre et les jours qui suivirent, il y a quarante ans, dans les rues de Paris. Un massacre perpétré par des forces de police galvanisées par le préfet d'alors, Maurice Papon, où l'on vit des dizaines de milliers d'Algériens «raflés» dans des cars, parqués dans des stades, battus, tués par balle ou noyés dans la Seine. La chasse à l'homme avait suivi la manifestation appelée par le FLN pour protester contre le couvre-feu imposé aux «Français musulmans d'Algérie» depuis le 5 octobre.
Si aujourd'hui l'opinion française n'ignore plus qu'une tragédie a bien eu lieu cet automne-là à Paris, peu de gens savent combien ce crime fut en réalité organisé, sinon encouragé: «aux policiers, peu de temps auparavant, Maurice Papon avait tenu le langage suivant: "pour un coup reçu, nous en porterons dix"», écrit dans l'introduction de l'ouvrage, Olivier Le Cour Grandmaison, président de l'Association «17 octobre 1961 contre l'oubli». Et de poursuivre: «Maurice Papon ne pouvait agir seul sans avoir l'aval de son supérieur hiérarchique, le ministre de l'intérieur, Roger Frey.» Quoi qu'il en soit, après quarante ans, la c