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Libération

Powys en lettres de feu

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publié le 20 septembre 2001 à 0h52

Comme on dit de certains auteurs qu'ils sont minimalistes, John Cowper Powys est un écrivain maximaliste. Semblant influencé à la fois par Dostoïevski et Walt Whitman, il ancre son oeuvre dans le mythe et dans la vie quotidienne, mêlant légende, destin, histoire, flore et sexualité. Cet «adorateur du vent» donne l'impression que c'est l'intégralité du monde qui est en jeu dans chacun des romans (de Wolf Solent aux Sables de la mer en passant par Owen Glendower et les Enchantements de Glastonbury), toute la psychologie des hommes et toutes les aventures de la nature et du subconscient, et cela dans une sorte de désordre qui montre que la forme n'était pas son ambition première et qui a dû faire beaucoup pour qu'il soit aujourd'hui tellement moins célèbre que James Joyce (il lit très vite Ulysse, «ce maudit truc, et je suis vraiment terriblement impressionné») ou D. H. Lawrence. Anglais né dans le Derbyshire en 1872 et mort au Pays de Galles en 1963, John Cowper Powys a passé une trentaine d'années, au début du vingtième siècle, à parcourir les Etats-Unis en faisant, pour gagner difficilement sa vie, des conférences sur la littérature. Celles-ci fascinaient ses auditeurs, en particulier Henry Miller qui adorait son Autobiographie et qui a défini l'écrivain-conférencier comme un «livre vivant»: «Si je me souviens bien, l'un de ses adjectifs favoris était " fatidique". [...] Quoi qu'il en soit, le sang de Powys était saturé de mythes raciaux et de légendes, de souvenirs de hauts