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Libération
Critique

Une femme s'entête

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L'évocation romanesque d'une pionnière du féminisme, Mary Wollstonecraf , sous la Révolution francaise.
publié le 20 septembre 2001 à 0h52

Le roman se termine avec la mort, à 38 ans, de sa protagoniste, Mary Wollstonecraft, et la naissance de Mary Shelley, qu'elle vient de mettre au monde, le 10 septembre 1797. Que l'héroïne, une pionnière du féminisme européen, soit la mère de l'auteure de Frankenstein et femme du poète Percy B. Shelley ­ dont elle prit le nom au lieu de celui de son père le philosophe William Godwin ­, Elisabetta Rasy ne nous l'apprend que dans une note liminaire à la Citoyenne de l'ombre. C'est une manière pour la romancière et journaliste italienne, spécialiste du féminisme, de souligner que les femmes existent en dehors du fait qu'elles enfantent. D'ailleurs, Mary Wollstonecraft pensait que le bonheur de la femme n'était pas dans la famille (et l'écrivit, faisant grand scandale). Aussi c'est en révolutionnaire qu'elle était venue à Paris, en 1792 dans l'espoir que la Révolution réalise ses idées.

Le titre italien, l'Ombra della luna (l'ombre de la lune), dit la nature de ce personnage quelque peu lunaire ­ et la face sombre de la condition féminine qu'elle veut amener à la lumière ­ mieux que ne le fait la Citoyenne de l'ombre, car, s'il y a quelque chose qui reste ici dans l'ombre, c'est bien la Révolution. Parce que ce n'est pas le sujet et parce que Mary Wollstonecraft ne passe que deux ans en France sur les cinq qu'embrasse le roman; les autres, elle les vit à Londres ­ à part un voyage de trois mois en Scandinavie, d'où elle envoya des lettres qui, une fois recueillies en volume, devai