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Libération
Portrait

Foudre de paix.

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Salim Abdelmadjid,19 ans, khâgneux beur, a lancé une pétition contre la guerre et l'amalgame musulman égale terroriste.
publié le 24 septembre 2001 à 0h54

Une feuille de plus sur la pile du courrier des lecteurs, des mots qui s'ajoutent aux autres pour dire le choc, la compassion. Puis, au bout du fil, un gamin qui s'entête. «Il faut agir. On a lancé une pétition. Contre l'amalgame entre musulmans et islamistes. Pour la paix dans le monde.» Salim Abdelmadjid, 19 ans, Français d'origine franco-algérienne, a des joues rondes de collégien et un vocabulaire de vieux prof de philo. Ce soir, il devrait être en train de réviser pour sa «colle» de maths du lendemain, comme tous les élèves de la très sérieuse khâgne du lycée Henri-IV. «Mais ce n'est plus possible, depuis l'attentat je ne peux plus travailler.» Il est venu dans ce café de la Contrescarpe avec son pote Julien, qui lui a «donné l'idée» de la pétition. «Juste un geste, pour faire quelque chose, ne pas rester spectateur». Salim et Julien l'ont rédigée sous la pression des images. «On a vu passer en boucle les scènes de liesse en Palestine. C'était toujours les mêmes plans, serrés, sur quelques enfants et une femme. Il aurait fallu un commentaire, pour dire: il ne s'agit que de quelques personnes, dans une seule rue. Mais rien.» Le texte est court. Il appelle à la «responsabilisation des médias». «Nous devons éviter l'amalgame fallacieux qui ferait de tout musulman, ou de toute personne d'origine arabe un terroriste potentiel», écrivent les deux étudiants.

Quand les tours se sont écroulées, Salim était dans la loge du concierge du lycée. Il est resté «scotché» au téléviseur,