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Libération
Critique

Bon concessionnaire.

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Des DS tutélaires, de la suite dans les ID: au chevet d'un père mourant, François Bon égrène dans une «Mécanique» de haute précision une saga familiale automobile.
publié le 27 septembre 2001 à 0h56

On sait depuis longtemps qu'il n'est pas nécessaire d'avoir eu un grand-père garagiste pour apprécier la littérature de François Bon. Oui, mais bon. Cette fois, avec Mécanique, c'est différent, non pas que la littérature y soit absente, au contraire, non, ce qui change ne vient pas de lui mais de nous. Nous, ce sont tous ces vous-et-moi, ces quelques dizaines de milliers de lecteurs possibles qui ont des souvenirs de parentèles garagistes. Si l'on a entre 40 et 50 ans, et rien contre les automobiles et de la mémoire, l'effet madeleine paraîtra une drogue dure. Aux autres, il suffira d'avoir eu un père un jour, une enfance, pour s'émouvoir et se réjouir du récit d'un deuil si tendre.

La famille Bon est constituée d'une lignée ininterrompue des trois générations Citroën, agents devenus enfin concessionnaires. Le père de François et de ses deux frères va mourir, il est en réanimation à l'hôpital de la grande ville, de celles que les rocades contournent, deux des garçons lui rendent visite, ils sont venus en auto, forcément, une Citroën probablement, et c'est tout un monde qui revient s'écrire dans le souvenir et dans le livre, les années cambouis, les habits du dimanche. Retour en l'an 2000 dans un village quitté lorsqu'il avait 11 ans, Saint-Michel-en-L'Herm, où tout paraît plus petit et désert, le hangar «Il y tenait quatre véhicules et les quatre places toujours occupées, parce qu'à l'époque on n'aurait pas fait coucher une voiture dehors», on dit «coucher», comme pour les ge