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Libération
Critique

Confession des romans du siècle.

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Par Mona Ozouf, la Révolution à l'oeuvre dans la fiction du XIXe.
publié le 18 octobre 2001 à 1h18

La Révolution française fut la grande affaire du XIXe siècle. Un événement monstre, si extrême et si dense que les cent ans qui suivirent s'employèrent à le déchiffrer et à le digérer. Mais le XIXe est aussi le siècle du roman, genre mineur jusque-là, tout à coup promu coeur et symbole même de la littérature. Les deux phénomènes ne sont pas sans lien. En plaçant l'Histoire et son volontarisme au centre de la vie sociale, en donnant à chaque individu la possibilité de s'inventer comme tel, la Révolution autorise cette expansion de l'existence qui fonde toute la dynamique romanesque. La littérature n'est donc pas un simple observatoire, elle est un acteur décisif du processus: c'est en elle et par elle que s'opère la progressive fusion de la Révolution dans le siècle, sa réalisation en même temps que sa neutralisation. Telles sont, les principales idées qui sous-tendent les Aveux du roman de Mona Ozouf. A partir d'une douzaine de titres publiés tout au long du XIXe siècle, l'historienne a voulu éclairer cet interminable conflit qui oppose alors l'Ancien Régime et la Révolution, et souligner le «long travail de transaction» qui finit par rapprocher l'ancien et le nouveau.

Du Delphine que publie Madame de Staël en 1802 au Mannequin d'osier d'Anatole France, paru en 1895, juste avant que ne se déchaîne l'affaire Dreyfus, Lucien Leuwen de Stendhal, les Misérables de Hugo, Un prêtre marié de Barbey, la Conquête de Plassans de Zola et quelques autres, les dix études qui composent le