Quand deux civilisations se heurtent, il arrive qu'une femme soit au centre. Mi-fertile, mi-des- tructrice, elle subit et symbolise la brutale complexité du choc. Malinche, interprète et maîtresse indienne de Hernan Cortés au moment où il conquiert le Mexique, est la mère discrète et fantomatique du pays. Son rôle fut fondamental: son intelligence et sa personnalité aidèrent Cortés à séduire, à comprendre, à manipuler ou à vaincre les différents peuples indiens. Malinche permet de saisir la nature ambiguë du conquérant et son destin destructeur et créateur.
Trois livres complémentaires éclairent ce couple de pouvoir. Le premier, écrit par l'Australienne Anna Lanyon, est un voyage très personnel sur les traces de Malinche. Les deux autres, de l'hispaniste Bartolome Benassar et du spécialiste de la méso-Amérique Christian Duverger, sont des biographies de Cortés. Ils se complètent et se recoupent. Duverger effectue un travail chronologique et s'étend davantage sur la jeunesse de Cortés et sur ses rapports avec le monde indien. Benassar a une approche plus thématique et insiste sur le rapport de forces qui oppose Cortés le vainqueur à l'administration espagnole. Mais les trois ouvrages réhabilitent la vie d'une femme et d'un homme dont l'histoire populaire a fait une traîtresse et un machiavel avide: ils deviennent les ancêtres imparfaits du métissage.
Cortés a 34 ans lorsqu'il débarque en 1519 au Mexique, en terre maya. Ce fils d'hidalgo, né en Estremadure, vient de passer quinz