Né à Bruxelles en 1953, philosophe de formation, très influencé par Schopenhauer et Nietzsche, Patrick Declerck arrive à Paris dans le but d'obtenir un doctorat en philosophie, à la fin des années 70. Sa rencontre avec Georges Devereux le fait bifurquer vers l'ethnologie psychanalytique et l'Ecole des hautes études en sciences sociales, où il obtiendra un doctorat en anthropologie. C'est pour étudier la désocialisation extrême qu'il commence à plonger en 1982 dans l'univers des clochards, et à faire quelques expériences de travail dans des prisons aux Etats-Unis et en Afrique noire. Très «ni dieu ni maître», Patrick Declerck entend montrer que l'on peut s'occuper des clochards sans être mû par une charité plus ou moins chrétienne, laquelle finit par instaurer inévitablement une relation sadomasochiste entre celui qui donne les soins et celui qui les reçoit. Pour lui, c'est parce que Dieu n'existe pas qu'on n'a pas le droit de faire n'importe quoi. Psychanalyste, il n'est pas sans nourrir une certaine défiance psychanalytique vis-à-vis de l'apparence de la normalité. Aussi son anthropologie philosophique, plus que soupçonneuse envers tout humanisme, apporte la preuve que l'on peut se soucier de l'homme sans forcément l'aimer.
Qu'est-ce qui vous attire vers les clochards?
Le fait d'avoir vécu dans plusieurs pays me conduit à une sympathie particulière pour ces hommes et ces femmes qui sont de nulle part. Leur extrême marginalité fait écho à mon propre sentiment d'être peu inscri