Parisien depuis 1988, Norman Spinrad se trouvait chez une amie dans la 9e rue à New York le 11 septembre au matin. «Un des plus grands désastres de l'histoire américaine», dit-il. Mais le pourfendeur de toutes les formes d'aliénation de la société contemporaine s'empresse ensuite de conspuer le grand «show médiatique» qui a suivi. Il rappelle que son dernier roman publié en France, En Direct (1) mettait en scène des écoterroristes qui prenaient en otage une chaîne de télévision de Los Angeles sous la menace d'explosifs au plutonium. Dans Bleue comme une orange (d'après Eluard: «La terre est bleue comme une orange»), cet éternel insoumis s'attaque au réchauffement climatique. Résultat: une farce grinçante sur la responsabilité, dans un Paris tropical et bigarré.
«Bleue comme une orange»: il y a beaucoup de couleurs dans votre livre.
Le roman devait s'appeler l'Eté de la serre. Flammarion a décidé de changer le titre au moment où j'étais à New York, deux jours après le 11 septembre. Les téléphones étaient coupés, l'Internet bondé... Je ne l'ai pas su. Je ne connaissais même pas le poème. Mon roman traite du bleu et du vert. Mais pas de l'orange! La «Grande Bleue» est un cartel composé d'anciennes sociétés capitalistes, qui veut refroidir la planète. Bleue comme la glace, bleue comme les uniformes de l'armée de l'air américaine, bleue comme le logo de la Nasa. La Grande Bleue, c'est une espèce de capitalisme dinosaurien. Le vert symbolise les pays qui bénéficient du réchauffement