Tout est dit, simplement et comme pour atténuer le pathétique du titre, dans cet «avec» du sous-titre. Un «avec» que les Naufragés conjuguent au présent, au passé et au futur. Au présent, parce que le livre peut d'ores et déjà être considéré comme un acquis essentiel dans les études de la très grande désocialisation. Au passé, parce qu'il relate le travail de l'auteur, pendant une quinzaine d'années, avec les clochards de Paris, d'abord pour les besoins d'une enquête ethnographique et, ensuite, en tant que psychanalyste à Médecins du Monde, puis au Centre d'accueil et de soins hospitaliers de Nanterre et au Samu social. Au futur, enfin, parce qu'y résonne une injonction à être avec les clochards, de leur côté donc, car il ne s'agit pas seulement de les soigner (ce qui devrait aller de soi), mais de leur rendre la vie possible, en cessant paradoxalement de vouloir à tout prix leur bien (qu'on a fâcheusement tendance à confondre avec le nôtre). Tous ces registres (documentaire, scientifique, militant), sont assemblés dans une structure éclatée dont l'écriture gouverne la dynamique. Patrick Declerck a voulu faire, entre autres, oeuvre littéraire: il écrit à la première personne et intercale quelques souvenirs d'enfance aux récits de vie des clochards eux-mêmes. Une deuxième partie de l'ouvrage est consacrée à la conceptualisation de ce qu'il nomme le syndrome de la désocialisation extrême, et une troisième, liminaire, fait état sous la pression amicale de Jean Malaurie, l'édi
Critique
Pour qui sonne la cloche.
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publié le 18 octobre 2001 à 1h18
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