Il pleut ou neige souvent sur l'Irlande dans la littérature irlandaise (et peut-être même dans la réalité). Mauvaise pente, le premier roman de Keith Ridgway, né à Dublin en 1966, parle d'amour conjugal et filial, de fidélité et de trahison, de meurtre et d'automobile, de police et de journalisme, de politique et de religion, du secret et de l'aveu, de comment on raconte une histoire. Et, avant tout, de météorologie. Le livre s'ouvre sur la pluie tombant sur les fermes et les champs, les lacs et les routes, «la pluie tombe sur toute cette géométrie biscornue et lui impose une forme». Il pleut souvent mais quand même pas toujours. «Et plus rien n'est pareil sous le soleil.» Sous le soleil, le paysage «est une insulte au regard». «Les bourgs ne sont plus que des taches souillant le ciel, les fermes des flaques informes de métal et de ciment, les maisons blanches ressemblent à des sacs en plastique accrochés aux branches des arbres. Il n'est que la pluie pour les dissimuler. Leur vraie place est sous la bruine grisâtre, dans l'absence de couleurs.» Difficile, dans ces conditions, de se débarrasser de la grisaille sans quitter sa «vraie place».
Trente-deux ans durant, celle de Grace fut auprès de son mari devenant de plus épouvantable, un ivrogne la battant. Elle a eu deux enfants qui la quittèrent, le premier parce qu'il se noya dans une flaque à 3 ans tandis qu'elle s'occupait du linge (son mari n'aura de cesse de lui reprocher). Pour Martin, le second, ce fut quand même un peu