Ce n'est qu'un petit livre de 183 pages, d'un jeune Suisse de 34 ans, mais il est de ceux qui ont sauvé la 53e Foire du livre de Francfort. Deux dandys allemands, gavés d'alcool, de drogue et de dégoût d'eux-mêmes, échouent à Téhéran au moment de la révolution islamiste de 1979. Pour les deux amants, qui roulent vers Téhéran en écoutant Blondie, guère de quoi s'émouvoir: «L'état de guerre régnait depuis septembre, mais cela n'avait pas vraiment de sens dans ces pays» lâche l'un d'eux. Pour la critique allemande en revanche, ce deuxième roman de Christian Kracht, 1979, sorti chez Kiepenheuer & Witsch, semble bien être de ceux qui marquent la revanche de la littérature sur l'actualité. Dans ce petit roman, la critique du Berliner Zeitung a trouvé «tout ce qui peut rendre l'Occident odieux aux yeux de l'islam». Le très sérieux Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) en a fait «un pamphlet contre la décadence et le pourrissement moral de l'Occident, par rapport auquel la révolution de Khomeiny passe pour bonne et souhaitable». Parmi les milliers de livres qui sortent en Allemagne au moment de la Foire, le FAZ a élu cet opuscule pour en faire l'ouverture de son supplément livres, honneur qui vaut certainement plus d'un prix littéraire.
Connu depuis son premier roman (Faserland, en 1995) comme un des jeunes excentriques de la «pop-littérature» allemande, Christian Kracht referme à point cet épisode, pour repasser à des considérations plus profondes, se sont félicités la plupart des cr