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Libération
Critique

Colloque frénétique.

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Un divertissement littéraire par Julie Wolkenstein.
publié le 25 octobre 2001 à 1h22

Chacun ses goûts, mais un charme indéniable se dégage des intrigues à base de secrets littéraires, où les universitaires jouent les détectives à travers les oeuvres plus ou moins labyrinthiques de leur écrivain préféré, lequel sera, de préférence, inventé de toutes pièces. Dans le nouveau roman de Julie Wolkenstein, un colloque réunit au bord de la Manche un groupe de chercheurs intéressés par Ann Hellbrown, auteur d'une poignée de nouvelles regroupées sous le titre peu engageant de les Nouvelles Héroïdes, et d'un essai provocateur, Devenir mère, qui semblerait plagier Simone de Beauvoir s'il n'avait été écrit au siècle précédent.

Nous avons là une des pistes de l'affaire Ann Hellbrown (1850 -1912): le caractère prémonitoire de son écriture. Née Chassignol, épouse Bernier, petite-fille d'une Anglaise, Hellbrown a fui la France après la mort de son mari en 1895, hantée par la «peur que la réalité ne lui obéisse». Un mois après, elle jurait de mettre un terme définitif à sa carrière, comme en fait foi un papier retrouvé chez Swan, son éditeur londonien. Si on devait exhumer un inédit postérieur à 1895, cela changerait la vie d'au moins deux acteurs du colloque. Or, il en est fortement question: deuxième piste.

Si l'inédit existe, Janet Anguerillos peut mettre au panier sa biographie. Elle est américaine, mais n'est jamais sortie du comté de San Diego. Qu'est-ce qu'«un petit colloque français» pour cette spécialiste unique (et assez unique, en effet, très portée sur «la posture d