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Libération

La case du peuple.

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publié le 25 octobre 2001 à 1h22

«Moi, dans la B.D., j'aurais jamais pu faire dessinateur», dit le Chat en page de garde de son nouvel album, l'Affaire le Chat, devant un tas de croquis indéniablement ratés. Et il ajoute: «C'est pour ça que j'ai choisi héros.» Il est vrai que Philippe Geluck a si bien réussi son personnage du Chat qu'on se laisse parfois aller à prendre l'invention pour le créateur, mais sans jamais être tout à fait dupe. Jacques Tardi, malgré la célébrité d'Adèle Blanc-Sec, n'est pas identifié à son héroïne. D'autant moins qu'elle n'apparaît aucunement dans le Cri du peuple, adapté du roman de Jean Vautrin, qui paraît aujourd'hui (l'écrivain dit que, voyant les premières planches, il a «su que mon texte avait rencontré son Daumier»). Ce que Tardi et Geluck ont en commun est la capacité de travailler talentueusement la culture populaire sans naïveté, en y ajoutant une espèce de distance qui, curieusement, rend leurs créations plus familières.

Si le Cri du peuple est un livre populaire, ce n'est pas seulement parce que le peuple en est le héros. L'album se passe au XIXe siècle, durant la Commune. On voit la répression monter en puissance, ceux qui fraternisent avec les habitants de Paris et ceux qui demeurent dans leur posture guerrière. On voit les histoires individuelles (de jalousie, de meurtre) se mêler à l'histoire collective. Les souvenirs pullulent et ça ne manque pas non plus de scènes épouvantables (Tardi a toujours aimé dessiner les cimetières où il ne se passe pas que des choses tr