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Libération
Critique

La place Duteurtre.

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Quand un Havrais navré rencontre un Américain à Paris.
publié le 25 octobre 2001 à 1h22

Un chassé-croisé entre le vieux monde et le nouveau, l'humour imprévisible de Benoît Duteurtre servant d'accélérateur entre les pôles. Le narrateur, quadragénaire, plus tout à fait en pleine possession de ses illusions, est un Havrais installé à Paris. A la fin du roman, il déambule à New York où le Jardin à Sainte-Adresse, tableau de Claude Monet, fait se télescoper l'espace et la durée. Sainte-Adresse est le Neuilly du Havre, c'est la première destination de l'autre héros, David, un Américain de 22 ans, moitié français cependant, fou d'impressionnisme au point de se promener en canotier.

Les deux hommes auront à coeur de se présenter mutuellement le pays de leur rêve. Entre-temps, ils passent par des hauts et des bas. Envoyé paître par un médecin qui ne lui détecte aucun cancer à la gorge, le Parisien voit la vie en rose en arpentant les horreurs contemporaines, exemple: «Je me réjouis que de jeunes restaurateurs, désireux de se constituer un capital, puissent vendre aussi cher une nourriture aussi infecte.» Une jolie Cerise est en passe de le sortir définitivement de la dépression, lorsqu'elle s'avère à la fois vidéaste et autobiographe, auteur de Mes amants. Pour un individu qui ambitionnait de réaliser «un grand film sur moi», il est rude de se voir tourné en ridicule. Le jeune David, ruiné par une soi-disant «reine de la bohème», n'a pas plus de chance. Que la «Soirée des Créateuses» n'aille pas faire croire à une forme de misogynie chez Benoît Duteurtre. David couche a