C'est un livre noir et désagréable. Non pas à cause du sujet l'Holocauste mais de sa vision de l'histoire. Peter Novick, professeur d'histoire à l'université de Chicago (qui n'a pas répondu à notre demande d'interview), auteur d'un livre sur l'épuration dans la France d'après-guerre (1), s'est curieusement attaqué à la question de la place de l'Holocauste dans la société américaine en annonçant à l'avance qu'il était de parti pris: «J'aborde ce sujet avec un scepticisme quant au fond en me demandant si l'attention portée à l'Holocauste est aussi souhaitable qu'on le dit habituellement.»
La réponse est évidemment «non». Pour Novick, l'Holocauste n'est que manipulation et instrumentalisation par les juifs américains. On en parlerait trop en Amérique mais, justement, il va faire un livre de plus sur ... l'Holocauste. Cette thèse de 400 pages accumule les documents à charge, peignant un tableau sombre des différents acteurs de son récit: les juifs, les Américains, les Israéliens. On a le sentiment qu'il décrit un «complot» de la mémoire, thème connu de la littérature antisémite. Son livre arrive en France après celui de Norman Finkelstein qui a dénoncé plus précisément un phénomène, le «Shoah-business», à propos de la bataille pour la récupération des biens spoliés. (2)
Ainsi Novick explique que si l'Etat américain a décidé de construire un grand musée de l'Holocauste à Washington, c'est par culpabilité. Parce que dans les années 70 et 80, des ouvrages ont mis en avant la resp