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Libération
Critique

Comptes pour enfants.

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publié le 15 novembre 2001 à 1h38

Vivre est quelque chose d'extrêmement dangereux, puisqu'on risque de mourir. Mona Gray, 20 ans, a bien compris cela. Aussi, dès l'âge de dix ans, a-t-elle décidé de «laisser tomber» petit à petit tout ce qui lui plaisait: le piano, les desserts, le cinéma, les oeufs mayonnaise et m me l'amour: «J'ai relevé les messages sur mon répondeur pour vérifier si quelqu'un n'était pas mort pendant que j'étais sortie faire l'amour, mais ce n'était pas le cas, ou du moins, si ça l'était, personne n'avait jugé bon de me tenir au courant.»

La seule chose qu'elle n'a pas arrêtée, c'est de «toucher du bois» cent fois par jour et de compter, d'attribuer des numéros à tout. Evidemment, on pourrait dire, pour simplifier, que Mona est obsessionnelle compulsive. Mais ce n'est pas le sujet du premier roman d'Aimee Bender, de nationalité américaine et d'âge inconnu (mais plutôt proche de 30 ans). Mona, dont le prénom ressemble curieusement au féminin de mono-, a commencé à tout arr ter quand son père est tombé mystérieusement malade. Il est devenu gris, ce qui n'étonne guère pour un Mr. Gray, bien sûr. Du coup, on pourrait ajouter qu'on est du côté de Boris Vian, d'un certain réalisme magique, et ce serait dire un peu plus déjà. Comme elle aime bien les nombres, on la nomme prof de maths en CE1 à l'école du coin. La pédagogie américaine ne laissera pas d'étonner le lecteur français, puisque Mona, pour mieux faire appréhender la réalité des opérations à ses élèves, leur demande d'apporter des «nombr