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Interview

Don-ji-ke-de

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Le sinologue Simon Leys raconte le succès du Quichotte chez les Chinois .
publié le 15 novembre 2001 à 1h38
(mis à jour le 15 novembre 2001 à 1h38)

Dans Protée et autres essais (Gallimard), prix Renaudot -Essai, le sinologue Simon Leys consacre un texte tragi-comique à Don Quichotte. Il montre comment certains écrivains, Nabokov, Montherlant, Unamuno, ont été attristés ou exaspérés par le bizutage que Cervantès faisait subir à son héros. Leys a lutté contre moulins à vent et marée, dans les années 1960, pour révéler la nature du maoïsme. Il accompagne Don Quichotte, ce perdant magnifique qui fait avancer l'humanité, depuis l'âge de 18 ans. Il vit en Australie, écrit en français, en anglais.

Quand et comment avez-vous découvert Don Quichotte?

Je l'ai lu pour la première fois en français, dans une jolie petite édition Garnier, en deux volumes reliés, similicuir souple: une sorte de Pléiade du pauvre ­ elle ne m'a jamais quitté depuis, malgré voyages et déménagements lointains. Il s'agit de la traduction de Louis Viardot (1836). Pour la petite histoire, Viardot était le mari d'une chanteuse d'opéra, Pauline Viardot, dont Tourgueniev devint le chevalier servant à perpétuité. Il formait ainsi un ménage à trois avec ce couple littéraire et musical. La traduction de Viardot est naturelle et savoureuse. Un pur délice. Elle comporte deux défauts: Viardot s'effarouche parfois des Hi de puta! de Sancho; il lui arrive d'élaguer un peu ses fournées de truculents proverbes et il commet ci et là de petites erreurs ­ tout cela serait aisément réparable. Il serait souhaitable qu'un éditeur français publie à nouveau cette