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Libération

Garçons et vieux garçons.

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publié le 15 novembre 2001 à 1h37

La durée de vie de héros comme Alix ou Blake et Mortimer ­ plus d'un demi-siècle ­ est telle qu'ils ont à survivre, parfois à leur créateur, comme pour les personnages d'Edgar P. Jacobs, et toujours à leur réputation. Dessinateurs et scénaristes savent bien que les premières générations de lecteurs ont vieilli et ne regardent plus les personnages comme elles le faisaient enfants. Le fait que les jaunes soient si méchants dans Blake et Mortimer et les garçons tellement nus dans Alix, par exemple, est devenu une caractéristique des deux séries que les auteurs d'aujourd'hui sont bien forcés de prendre en compte, ne serait-ce que pour en désamorcer la charge potentielle.

L'Etrange Rendez-Vous est certainement le meilleur album de Blake et Mortimer, nés en 1946, paru depuis que ce n'est plus Edgar P. Jacobs, mort en 1987, qui les réalise. Ted Benoit semble tout à fait à l'aise dans son dessin, et Jean Van Hamme, le scénariste de XIII et Largo Winch, a imaginé l'intrigue qu'il faut: suffisamment dans l'esprit du créateur (ancêtre de Mortimer, voyage dans le temps, soupçons de l'existence d'extraterrestres, présence d'Olrik qui ne sera décidément jamais mort, trahisons) pour qu'on ne crie pas à l'infidélité, et assez originale pour ne pas paraître un pastiche. Les «jaunes», qui étaient tellement méchants dans le Secret de l'Espadon, le sont encore ici, mais avec tant de distance qu'il faudrait être pervers pour y soupçonner du racisme. C'est plutôt comme un clin d'oeil aux anciens l