Il est, certes, des hommages de convenance. Mais il en est d'autres qui tiennent du choeur, du concert ou plus exactement de la concertation de voix, qui se mettent sottovoce à l'unisson pour mieux faire entendre l'écho de la parole qu'on n'entendra plus, et souligner la puissance qu'elle porte encore. C'est le cas de Granel, l'éclat, le combat, l'ouvert. Ces miscellanées sont effet comme une forte et grave «manifestation silencieuse» qui, organisée au nom d'une politique de l'amitié et de la vérité par un collectif d'exception (Jean-Toussaint Desanti et Jacques Derrida, Jean-Luc Nancy, Michel Deguy, Philippe Lacoue-Labarthe, Jean-Pierre Cometti, Jean-François Courtine, André Tosel... (1)) ferait enfin réaliser hors des cercles des spécialistes à quel point la philosophie française a été impressionnée, comme on le dirait en photographie, par la pensée exigeante de Gérard Granel, disparu le 10 novembre 2000.
Le nom de Granel est peu connu hors des cercles des spécialistes. Il était, à vrai dire, le symétrique exact de la «figure médiatique», dont la notoriété est inversement proportionnelle à l'influence réelle exercée auprès des étudiants, des pairs, des chercheurs: un penseur «retiré» dans le Gers, du côté de Mauvezin où il fonde avec son épouse Elisabeth Rigal, son ami Georges Mailhos et son ancienne élève Annick Jaulin les Editions Trans-Europ-Repress (TER) mais qui, à lui tout seul, donne l'éclat philosophique à l'université de Toulouse-le-Mirail, un bourreau de trava