Revu et ordonné par Louis-René des Forêts peu avant sa mort le 30 décembre 2000, Pas à pas jusqu'au dernier résonne comme un épilogue posthume d'Ostinato, le dernier ouvrage publié par l'auteur de son vivant, en 1997. L'incipit («Dire et redire encore, redire autant de fois que la redite s'impose, tel est notre devoir qui use le meilleur de nos forces et ne prendra fin qu'avec elles») reprend une ultime fois l'antienne d'Ostinato, autoportrait fragmenté et obstiné d'un vieil homme, sombre monologue intérieur avec la mort. Le titre (Pas à pas jusqu'au dernier) fait de l'écriture une marche irréversible vers la mort, qu'elle annonce et tente de conjurer tout à la fois. Tant qu'on pourra écrire, pas question de «capituler devant un ennemi d'autant plus acharné et difficile à vaincre que c'est de nous la part obscure». Se taire est impossible, ce serait pour l'auteur du Bavard une trop grande soumission, une trop grande défaite: «Si près d'en finir, si loin pourtant d'avoir accompli son parcours.»
Minutieusement, sans craindre de paraître se répéter, l'écrivain, malade et souvent terrassé par la douleur, essaie donc de décrire, à la troisième personne, ces états de souffrance «impartageable», ces tentations récurrentes de renoncement, mais aussi ces déploiements d'énergie exorbitants pour ne pas céder «aux forces adverses». Une démarche errante, au jour le jour, oscillant sans cesse entre sursaut de vie et dégradation progressive corps épuisé, esprit vacillant. Pourtant, cet in