En 2001, un géographe peut-il encore écrire un «portrait» de la France? Un siècle après le Tableau de la géographie de la France (1903) de Paul Vidal de La Blache, la réponse n'est pas si évidente. Armand Frémont, l'un des maîtres de sa discipline, s'y est pourtant essayé. Il avait d'excellents arguments pour le faire. Une carrière scientifique débutée à l'ombre des paysans de Normandie et culminant avec la publication d'ouvrages classiques, comme France, géographie d'une société ou La région, espace vécu (1). Un parcours de professeur qui le mène de l'université au rectorat de Versailles, puis la retraite venue, à la tête du conseil scientifique de la Datar (Délégation à l'aménagement du territoire). Une plume qui lui permet d'écrire Algérie-El Djazaïr, carnets de guerre d'un apprenti géographe durant la guerre d'Algérie et surtout la Mémoire d'un port. Le Havre, (2) son livre le plus personnel véritable essai d'égogéographie où il décrit sa ville au travers de son histoire familiale. A sa façon, Armand Frémont incarne la géographie française du dernier quart de siècle.
C'est dire si sa «France» était attendue. Elle déroute par la forme choisie celle d'un dictionnaire. L'auteur justifie ainsi son choix: «Dans un espace multidimensionnel et mondialisé où tout dépend de tout, où les réseaux de relations se tissent selon des modes qui peuvent être aussi bien ceux de la proximité que de la mondialisation, [...] où les réseaux numérisés recréent de nouveaux espaces, ce n'est