Le capitalisme est plus que jamais le capitalisme. Les richesses produites s'accroissent mais ni la pauvreté ni la misère dans le monde ne reculent, créant de nouveaux «damnés de la terre». Aussi, à l'époque de la mondialisation, devient de nouveau actuelle la pensée de Marx. C'est en tous cas la thèse que, malgré leurs différences, défendent tous les livres qui paraissent en ce moment sur l'auteur du Capital. Après le 11 septembre 2001, que devient cette «actualité»? Les réponses de Daniel Bensaïd, militant et philosophe, auteur de Passion Marx. Les hiéroglyphes de la modernité, de Jean-Marie Vincent, professeur à l'université de Paris-VIII, qui publie Un autre Marx. Après les marxismes, et de Jacques Bidet, professeur à Paris-X, directeur de la revue Actuel Marx (PUF/CNRS), auteur de Théorie générale: Théorie du droit, de l'économie et de la politique (PUF 1 999), et coéditeur du Dictionnaire Marx contemporain.
Daniel Bensaïd: Changer le monde
Depuis la dislocation de l'Union soviétique, le monde n'est devenu ni meilleur, ni plus juste, ni moins violent: le malaise dans la mondialisation se propage à la vitesse des flux financiers. Marx fut le premier à percer le secret de la grande pyramide moderne, celle du Capital, et à déchiffrer ses hiéroglyphes. Son spectre reprend des couleurs au fur et à mesure que pâlit l'image du libéralisme triomphant.
Lorsque les manifestants de Seattle ou de Gênes crient que «le monde n'est pas une marchandise», ils rêvent de changer ce monde. Il