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Libération
Critique

Accent Greif.

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Sourcier de la parole des autres, Jean-Jacques Greif noue désormais ses récits à son enfance juive polonaise.
publié le 29 novembre 2001 à 1h46

On aimerait dire de Jean-Jacques Greif, après rencontre dans sa cuisine, qu'il est une personne vivante, non pas qu'on l'imagine autrement, mais il donne l'impression de l'être plus que d'autres. C'est qu'il semble se préserver un espace de liberté, se tenir à distance de ce qu'il est: fils de juifs polonais, polytechnicien, aujourd'hui journaliste à Marie-Claire, le matin, écrivain à L'Ecole des loisirs, l'après-midi, musicien, aux heures perdues.

Il nous jouerait bien un peu de piano s'il n'était pas si timide, mais s'en tient à servir le thé littéralement comme Katia Wittgenstein le lui apprend à la page 325 de Sans accent: «quatre cuillerées de thé et tu verses l'eau (...), j'enveloppe la théière dans un petit manteau pour l'empêcher d'attraper froid, j'attends cinq minutes c'est bien...». Et déjà il raconte: Hokusaï, Jeanne d'Arc, Marilyn, Einstein, Beethoven, Mozart ou Yoshitsune (héros japonais du XIe siècle) dont il connaît la légende sur le bout des doigts.

De même que des manuels d'informatique basiques («pour dépanner les copines de Marie-Claire»), il a écrit ces vies dont le mythe dépasse la réalité. Ce qui intéresse ce lecteur de Dickens, c'est de raconter les commencements difficiles qui n'augurent de rien. Et puis un jour il a découvert que sa mère aussi avait une histoire: il a donc écrit à son tour, la vie de Malvina, la mère (Une vie nouvelle, Malvina), à partir du cahier qu'elle a accepté de rédiger avant de mourir. Les autres ont suivi, Lonek le père (Lonek