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Libération

Ali au pays des merveilles.

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Du Caire à Bagdad, que lisent les enfants? A la rencontre de la littérature arabe, invitée d'honneur à Montreuil.
publié le 29 novembre 2001 à 1h46

Il faut un sens égyptien de l'humour pour surnommer «Mister Millimètre» un type qui en mesure près de 2000. Millimètres bien sûr. Mohieddine Ellabbad est un drôle de bonhomme, une contrariété ambulante, jamais satisfait du travail des autres et encore moins du sien. Son perfectionnisme légendaire a traumatisé des générations d'ouvriers du livre. Pourtant, à 61 ans, Ellabbad est un illustre illustrateur, à peu près aussi respecté dans le monde arabe que peut l'être Tomi Ungerer en Europe. Un artiste qui porte en lui un univers d'images, de codes, de sens qu'il maîtrise à la perfection.

Ellabbad se définit comme un «faiseur de livres»: dessinateur, écrivain, caricaturiste, graphiste, maquettiste et iconographe tout à la fois, il a beaucoup réfléchi sur la représentation dans le monde arabe et, comme les enfants, il s'est posé des questions simples. «Pourquoi Saladin chevauche-t-il toujours de droite à gauche alors que Superman fend les airs de gauche à droite? Pourquoi le tube de couleur "rose chair" que j'achète chez le marchand qui les importe d'Europe et d'Amérique n'a pas la même couleur que ma peau? Comment dessine-t-on un loup quand on n'en a jamais vu en vrai? Pourquoi nos personnages de bandes dessinées ont-ils des sourcils clairs alors que nous, les Arabes, nous avons des sourcils sombres et épais?» Dans le Carnet du dessinateur, son seul ouvrage traduit en français (1), il répond à toutes ces questions.

Avec quelques autres, Mohieddine Ellabbad a révolutionné la manièr