Ce jour-là, Shéhérazade avait revêtu ses bottes de caoutchouc pour rendre visite à la sixième F du collège Evariste-Gallois de Sevran, car il pleuvait sur la banlieue nord de Paris. «M'dame, vous vous êtes trompée, c'est pas 2001 nuits, c'est 1001», lance une voix du fond de la classe à l'attention de la jeune prof, Delphine Brunet. «Mais non, banane, c'est parce qu'on est en 2001, c'est un jeu de mots.» Dans le cadre des activités proposées au Salon du livre de jeunesse de Montreuil, ces élèves de Seine-Saint-Denis se sont vu proposer de compléter deux débuts de contes des Mille et Une Nuits: «Amine la sorcière» ou «La princesse muette». Dans le premier, l'infortuné Sidi al-Nouman est transformé en chien par sa sorcière de femme; dans le second, un non moins infortuné prince tombe fou amoureux d'une esclave («mais m'dame, ça s'achète pas une femme!» «oui mais c'est un roi, alors y peut. Et puis c'est en Arabie») qu'il prend pour femme mais qui reste muette jusqu'au jour où... Pas simple de travailler à partir d'un matériau littéraire aussi riche et codé, surtout dans une classe de «petits», surtout dans un collège en zone d'éducation prioritaire. Pas simple de compléter une histoire lorsqu'on n'en a jamais entendu à la maison: «Moi je prends l'histoire de la muette parce que comme ça y a moins à écrire!» Pas si sûr. Finalement et après quelques péripéties ce qui est normal dans le cas des Mille et Une Nuits , les sixièmes F ont terminés leurs contes parfois de façon pas
Interview
Bonnes mille et une nuits les petits.
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par Christophe Ayad
publié le 29 novembre 2001 à 1h46
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