Quand Brady Udall déboule chez l'ex de sa femme, ce dernier croit que c'est pour lui casser la gueule. Brady Udall veut simplement entendre son histoire de miraculé: laissé pour mort à la suite d'un accident, la tête écrasée par le van du facteur, l'ex voulait retrouver celui qui croyait l'avoir tué, pour lui dire que tout allait bien. «Là s'arrête le rapport entre le vécu et la fiction.» Edgar Mint le jeune héros du premier roman d'Udall (on se souvient de l'excellent recueil de nouvelles douces amères sur les petites gens du Midwest, Lâchons les chiens, disponible en 10/18) a connu le même sort. Hormis l'idée de départ, tout dans le destin picaresque que connaît le garçon est inventé: la vie dans la réserve d'Apaches, son séjour à Sainte-Divine, l'hôpital de troisième zone, avec ambiance de Vol au-dessus d'un nid de coucou, l'institution semi-carcérale qui tient lieu d'école pour Indiens. «J'ai certes connu des Indiens dans mon enfance, dit Brady Udall, mais contrairement à la tendance communautariste qui prévaut aujourd'hui aux ...tats-Unis, je ne pense pas qu'il faille être indien pour parler d'Indiens ou noir pour parler de Noirs. D'ailleurs, Edgar est métis, et orphelin de surcroît. Je voulais qu'il ait nulle part où aller, qu'il soit une sorte d'ardoise vierge de toute identité, capable de contenir tous les devenirs. N'avoir pas de famille, pas d'histoire propre, ça l'oblige à se raconter, c'est le but de la littérature et sa seule manière de survie.»
Et comme pour se