Menu
Libération
Interview

Naipaul opposé

Article réservé aux abonnés
La haine religieuse, le terrorisme avec quoi on ne peut pas composer, l'inconfortable liberté de l'écrivain: entretien chez lui avec le Nobel V.S. Naipaul, juste avant qu'il s'en aille recevoir son prix à Stockholm.
publié le 6 décembre 2001 à 1h52
(mis à jour le 6 décembre 2001 à 1h52)

C'est demain que Vidiadhar Surajprasad Naipaul recevra à Stockholm le prix Nobel de littérature 2001. Une année particulière puisque l'académie Nobel fête cette année son centenaire et organise ce week-end à Stockholm une grande célébration à laquelle sont conviés tous les lauréats vivants. Peu loquace, réputé pour des déclarations à l'emporte-pièce, méfiant vis-à-vis des médias, l'écrivain britannique né il y a 69 ans à Trinidad s'apprête à connaître le harassant honneur que constitue cette récompense - tournée mondiale, conférences, invitations en tous genres - mais semble décidé à n'assurer que le minimum indispensable de mondanités. Celles-ci ont toutefois commencé par une noria inattendue de journalistes venus du monde entier dans son cottage de la campagne anglaise du Wiltshire, non loin de Salisbury: une confortable maison de taille modeste en brique rouge, à flanc de côteau, prolongée d'une prairie en pente douce au pied de laquelle coule une rivière, avec deux cygnes blancs. C'est là que l'écrivain, en compagnie de sa seconde épouse d'origine pakistanaise, passe désormais le plus clair de son temps, plutôt que dans son appartement londonien. Depuis sa consécration, l'écrivain, qui n'a jamais sacrifié à la bien-pensance et ne craint pas la polémique, n'a pas reçu que des compliments. Plusieurs organisations islamiques lui ont notamment reproché son hostilité envers l'islam et ont vu dans le choix de Stockholm une connotation politique en résonance avec les événements