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Libération

Baguettes et béret.

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Onze écrivains de langue chinoise débarquent à Paris. A cette occasion, état des lieux d'une littérature qui s'individualise et entre, elle aussi, dans l'économie de marché.
publié le 13 décembre 2001 à 1h56

Pékin de notre correspondant

«Il n'y a plus qu'un seul courant littéraire en Chine: celui du marché»... La boutade de Yu Hua, un des écrivains de la génération apparue dans les années 80, résume l'état de la littérature chinoise, et plus généralement de la Chine actuelle. Là où régnait autrefois le diktat monolithique du parti, suivi de l'éclosion de courants de création dans le bouillonnement des années d'ouverture, il faut désormais compter avec le marché: la société chinoise est de plus en plus compétitive, et, même si le poids idéologique du communisme reste très présent, ses symboles de réussite sont ceux de l'argent. Pour Shen Chang Wen, ancien rédacteur en chef de la revue culturelle Du Shu et agent littéraire, «la porte est aujourd'hui ouverte: la règle du marché est poussée à l'extrême».

Dans sa librairie indépendante située en face de l'université pékinoise de Beida, Liu Su Li se félicite de ce qu'il appelle «la fin de la littérature en politique». Cet ancien enseignant, exclu de l'université après le mouvement démocratique de 1989, estime que la société chinoise, de ce point de vue, s'est normalisée dans le bon sens du terme depuis trois ou quatre ans. «C'est un grand progrès pour la Chine de ne plus avoir de courants littéraires», estime-t-il. La littérature a perdu, au passage, sa capacité à provoquer des débats, mais elle a gagné en diversité et en créativité. Le groupe d'écrivains chinois invité en France pour une série de colloques, débats et rencontres avec de