«Mythique»: ce mot, Alphonse Dupront l'aima parmi tous, car, pour lui, l'oeuvre de l'homme (geste, foi, institution) n'atteint sa vérité profonde que lorsqu'elle est vécue, interprétée et mise en scène comme un mythe. Mythique donc vrai, et vice versa, d'où l'élaboration d'une anthropologie historique pour saisir tout fait de religion, notamment la chrétienté médiévale. Et mythique fut son ouvrage fondamental, plus de deux mille pages, en fait sa thèse soutenue en 1956, enfouie pendant des lustres et finalement parue posthume en 1997 le Mythe des croisades, justement. Mythique aussi l'existence d'Alphonse Dupront (1905-1990). Originaire du Sud-Ouest, d'une famille de paysans plus que pauvres, scolarisé par les bons pères à Toulouse, khâgneux à Henri-IV, à Paris, avec Alain, puis reçu à l'Ecole normale supérieure en 1925, boursier à l'Ecole française de Rome, il répondra sans hésitation à l'appel du 18 juin 1940. Homme de foi, il participe comme observateur, avec son ami Jean Guitton, au concile Vatican II en 1962 et, homme d'action, élu président de la Sorbonne en 1970, il oeuvre à la réorganisation des universités parisiennes après 68. Alphonse Dupront a beaucoup enseigné et beaucoup parlé, car la parole est première pour lui. Comme elle l'était pour sa communauté d'origine. D'ailleurs, de son vivant, il n'a publié que Du sacré, paru chez Gallimard en 1997. Genèses des temps modernes, qui paraît aujourd'hui, est son troisième livre.
Les essais et les articles recueillis da