Menu
Libération

Soigne tes droits.

Article réservé aux abonnés
publié le 13 décembre 2001 à 1h56

Autant les écrivains ont une légitimité à se mêler d'argent dans leur oeuvre, autant on la leur accorde moins volontiers dans leur vie. On ne leur dénie aucunement le droit d'évoquer une chose si grossière dans leurs fictions, mais on comprend moins qu'ils s'en occupent dans la réalité. Evoquant l'actualité de la question à travers «la récente polémique sur le prêt des livres, le débat sans cesse relancé sur le prix unique du livre, les facilités inouïes de la reproduction des textes et des documents sur Internet», Jan Baetens présente une «anthologie historique» de textes sur le Combat du droit d'auteur de Lesage, Voltaire, Diderot, Mercier, Beaumarchais, Rétif de la Bretonne, Balzac, Vigny, Nerval, Lamartine, Hetzel, Proudhon, Hugo, ainsi qu'un entretien avec Alain Berenboom, «spécialiste du droit d'auteur». «On dit aux foyers des spectacles qu'il n'est pas noble aux auteurs de plaider pour le vil intérêt, eux qui se piquent de prétendre à la gloire. On a raison: la gloire est attrayante; mais on en oublie que, pour en jouir seulement une année, la nature nous condamne à dîner trois cent soixante-cinq fois», écrit Beaumarchais en 1780.

Il est sans doute l'écrivain qui s'est le plus consacré aux sociétés d'auteurs dramatiques, le premier grand conflit ayant lieu avec les théâtres, principalement la Comédie-Française. Dans sa Pétition à l'Assemblée nationale de 1791, l'auteur du Barbier de Séville fait ironiquement parler ses adversaires: «Enfin nous serions tous ruinés, dise