La conduite de la police durant les années sombres lui a valu une réputation sulfureuse. Les Français l'identifient rarement à un corps résistant et la grève d'août 1944 n'efface pas le souvenir des juifs raflés par les gardiens de la paix, des communistes torturés par les Brigades spéciales, des résistants interpellés au hasard d'un barrage. Fin connaisseur de l'institution, Jean-Marc Berlière, s'appuyant sur les dossiers d'épuration constitués au lendemain de la guerre, offre pourtant une vision plus nuancée.
L'historien souligne ainsi l'importance du corps pour un régime policier à tous les égards. L'Etat français a donc étendu son contrôle sur une institution qui, avant son étatisation, pouvait dépendre des municipalités. Pour mener la répression, Vichy a également multiplié les officines parallèles chargées de traquer juifs, communistes et autres francs-maçons. Obsédés par le péril bolchevique, parfois travaillés par l'antisémitisme, les volontaires souvent exemptés des concours affluèrent pour mener ces basses besognes, d'autant que l'Etat les rémunérait grassement. La hiérarchie encourageait leur zèle, par idéologie bien sûr, mais également pour montrer aux Allemands leur efficacité. Le syndrome du Pont de la rivière Kwai frappa des fonctionnaires jadis républicains. Le patron de la police parisienne, Hennequin, chercha par exemple à démontrer qu'il obtenait, dans la lutte anticommuniste, de meilleurs résultats que son traditionnel rival, les Renseignements générau