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Critique

L'histoire juive a de l'avenir

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«Libérez la Torah!» propose Théo Klein. Esther Benbassa et Jean-Christophe Attias invitent à se déprendre de la «passion morbide» qui entoure la Shoah. Deux ouvrages iconoclastes.
publié le 20 décembre 2001 à 2h01

Né d'une défaite, avec la destruction du Temple de Jérusalem en 70, le judaïsme, à travers exils, persécutions et renaissances, n'a jamais cessé d'être en crise. «Le bonheur, selon un dicton yiddish, sied à Israël comme un ruban rouge sur la crinière d'une haridelle...». Mais la crise a pour vertu de tuer ce qui veut mourir et de pousser ce qui n'attend que de naître. Questionnement toujours recommencé à travers ces deux essais; le premier «théologique», le second historique et sociologique. Tous deux iconoclastes.

Avocat de renom, longtemps à la tête d'institutions juives, Théo Klein n'en finit pas de bousculer notables, philistins, béni-oui-oui, apeurés. Ses positions politiques avancées sur le conflit israélo-palestinien en font un quasi pestiféré; le même refus des prudences lui désigne une cible redoutable, par temps de repli communautaire: les rabbins. Leur «certitude de détenir la vérité constitue, à l'évidence, l'assise d'un pouvoir totalitaire dans son essence, même s'il ne l'est pas dans son intention au niveau de ceux qui l'exercent», craint-il. L'auteur entreprend, parfois contre ses plus anciennes fidélités, une critique systématique du «joug des commandements» en revenant au socle de la tradition, la Torah. Torah qu'il juge comme emmaillotée, pour ne pas dire étouffée, par les interprétations, les ratiocinations, les interdits accumulés à travers les siècles et les espaces de l'exil.

Né dans une famille «orthodoxe et républicaine», Théo Klein est le modèle même d