Menu
Libération

Moisson noire.

Article réservé aux abonnés
Pour «Un mal qui répand la terreur»,O'Nan s'est inspiré des photos de«Wisconsin Death Trip».
publié le 20 décembre 2001 à 2h01

Stewart O'Nan a écrit Un mal qui répand la terreur parce qu'à l'âge de 11 ans, il avait lu Wisconsin Death Trip. «J'étais fasciné par ces photos qui montraient la folie et l'horreur dans la campagne du Wisconsin. J'avais le sentiment que je ne devrais pas regarder, et pourtant, je ne pouvais pas m'en empêcher, j'en voulais plus.»

Publié pour la première fois en 1973, Wisconsin Death Trip est devenu un livre culte aux Etats-Unis (1). C'est la chronique de Black River Falls, petite bourgade du comté de Jackson, Etat du Wisconsin, entre 1890 et 1910, reconstituée par l'historien Michael Lesy.

Là où on s'attendrait à la chronique bucolique d'un paradis rural, avec petite maison dans la prairie et fiers pionniers, le regard fixé sur la frontier, on ne trouve que folie, maladie, ruine et désolation.

Epidémies de diphtérie, de variole et de typhoïde. Faillites, suicides à la morphine ou au vert de Paris (un insecticide), meurtres, hommes qui brûlent granges et maisons, vieilles femmes qui se jettent dans les puits. «Et toutes ces mères: celles qui noient leurs enfants dans la rivière, celles qui leur donnent de l'arsenic et de la strychnine pour que, s'ils doivent mourir, au moins, ce ne soit pas d'une épidémie. Toutes ces femmes qui se sont purifiées et punies avec du kérosène et des allumettes. Ces hommes qui ont nettoyé la putrescence de leurs vies avec de l'acide carbolique. Et ceux qui se sont tués avec l'insecticide qu'ils utilisaient contre les doryphores», écrit Michael Lesy,