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Critique

Le juge et l'historien

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Des tribunaux révolutionnaires à l'intérêt post-soixante-huitard pour les marges délinquantes, une étude historiographique sur la justice française.
publié le 27 décembre 2001 à 2h05

Plus d'une similitude rapproche l'Histoire et la Justice: même souci de reconstitution du «vrai», même méthode fondée sur l'indice et sur la déduction, même tentation du récit rétrospectif capable d'établir les «faits». Curieusement pourtant, les historiens ont longtemps délaissé cet objet, abandonné aux facultés de droit ou aux érudits férus de causes célèbres. Ce n'est que depuis une trentaine d'années, sous l'effet de la judiciarisation croissante de notre société, que les historiens de métier ont investi ce champ de recherche. Jean-Claude Farcy s'est intéressé à cette jeune et prolixe historiographie. Avec une belle constance, il a lu les quelque 5 200 livres, thèses ou articles consacrés depuis 1970 à l'histoire de la justice française. Le bilan qu'il en dresse est passionnant. Autant qu'un guide ou un instrument de travail, son ouvrage constitue une synthèse originale où se dessinent quelques-uns des principaux renouvellements épistémologiques du temps. La Justice offre d'abord un bon exemple où mesurer le dynamisme, voire l'impérialisme des historiens du contemporain, que nul pré carré ne semble intimider. En a résulté le déclin des travaux pittoresques ou des histoires «maison» au profit de réflexions de plus en plus soutenues. Mais cet essor est demeuré très lié à la demande sociale. Ainsi les questions de justice politique se taillent-elles la part du lion. La Terreur, la Vendée et le fonctionnement des tribunaux révolutionnaires ont suscité beaucoup d'interrogatio