Georges Belmont, né en 1909, ce qui en fait le contemporain, à deux ans près, de Maurice Blanchot, a été après la guerre une figure importante de l'édition et de la presse. D'un côté, fondateur de Jours de France, patron de Marie-Claire, et, de l'autre, traducteur d'Henry Miller, Henry James ou encore d'Anthony Burgess. Il a dirigé des collections chez Robert Laffont. Avant la guerre, pendant laquelle il a travaillé dans le gouvernement de Vichy, au ministère de l'Education et de la Jeunesse, il était déjà un personnage du monde des lettres. Mais c'était sous un autre nom, celui de son père, le sien. Il s'appelait alors Georges Pelorson, on le croise souvent, par exemple dans le Journal de Raymond Queneau.
Dans sa note liminaire aux Souvenirs de Georges Belmont, l'éditeur ne parle pas de ce changement de nom. Georges Belmont lui-même, qui arrête son récit à la mi-temps des années 30, fait juste une allusion «au Pelorson père de mon père». Il explique, en revanche, que son pseudonyme lui vient du paradis de son enfance, lorsqu'il passa la Grande Guerre dans le Jura avec sa grand-mère préférée, dont l'évocation est indissociable de celle de Belmont, «le village dont, à un moment qui faillit me coûter arrêt de la vie, je pris puis gardai le nom, par besoin, je pense, de retourner à ce qu'il y avait de plus vrai et de plus pur en moi.» Les allusions aux années 40, au fil de cette remémoration torrentielle, parfois émouvante, toujours très intéressante, sont extrêmement vagues. C'