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Libération
Critique

Les disparus d'Atlanta

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Un roman document de l'Américaine Toni Cade Bambara (1939-1995) sur les meurtres d'enfants dans «la Mecque noire du Sud», à partir de 1979.
publié le 3 janvier 2002 à 21h34

En 1999, quatre ans après la mort de Toni Cade Bambara (un cancer, à 56 ans), sa «soeur et amie» Toni Morrison, qui avait été son éditeur chez Random House, fit publier Ce cadavre n'est pas mon enfant, après s'être occupée du manuscrit. Toni Cade Bambara, à en juger par sa postface et sa liste de remerciements, s'était durement battue avec le monstre qu'était ce livre, commencé en 1979 en même temps qu'elle écrivait les Mangeurs de sel (roman paru chez Christian Bourgois, ainsi que les recueils de nouvelles Gorille, mon amour, et Les goélands n'en sont pas morts). C'était la réalité qui était monstrueuse. 1979 est l'année où on se met à parler des meurtres en série et des enlèvements, à Atlanta. Les victimes: des enfants noirs. Les autorités, au début, s'en tenaient à leur version: «Rien ne liait les différents cas entre eux.»

Atlanta, «la Mecque noire du Sud», un maire noir depuis 1973. Toni Cade Bambara, écrivain et militante noire, se met à la place des mères. Pour comprendre, de l'intérieur, de quoi il retourne, elle orchestre une famille et une disparition. Un dimanche matin du mois de juillet 1980, il faut se rendre à l'évidence, Sonny n'est pas rentré dormir à la maison. Sundiata Spencer, 12 ans, dit Sonny, habitant chez sa mère, Marzala Rawls Spencer, dite Zala, en compagnie de son petit frère Kofi et de sa petite soeur Kenti, va prendre le savon de sa vie quand il rentrera. Bien sûr, il ne rentre pas, et les repères vacillent: «Comment Sonny pouvait-il, d'une manière