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Libération
Critique

A quoi on joue ?

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De la Grèce au XIXe siècle, une histoire du jouet et du discours moralisant dont il est inséparable.
publié le 10 janvier 2002 à 21h38

Depuis que le monde est monde, les enfants ont joué et le nombre et le type de jouets n'ont pratiquement pas varié pendant des millénaires: une trentaine jusqu'à la révolution industrielle qui a commencé à y incorporer moteurs et mécanisme, tandis que, jusqu'alors, c'était le jouet lui-même qui les animait. Ainsi les filles jouent-elles à la poupée et à faire la cuisine depuis la nuit des temps et les garçons à faire la guerre, et parfois les rôles s'inversent. Le petit Louis XIII adore jouer à la poupée et à la dînette, faisant cuire lui-même quelque minuscule cuissot dans sa petite cheminée sur ses petites broches ou faire ses bouillies dans ses petites casseroles, désespérant quelque peu son Henri IV de père qui ne ménage pas sa peine pour l'orienter vers des jeux plus virils, lui fournissant armes et petits soldats, qu'il fait fabriquer expressément pour lui, les unes plus belles que les autres. Dans Jouets de toujours, Michel Manson ne fait pas seulement l'histoire du jouet jusqu'à l'aube du XIXe siècle, mais aussi celle de son économie, de ses représentations, notamment dans la peinture, et du discours plus ou moins moralisant qui semble inséparable du jeu, même le plus innocent.

Les enfants jouent et les Romains laissaient jouer les leurs, mais pas question qu'ils s'y attardent à la sortie de la pueritia. Jouets sonores, jouets de locomotion (que l'on pousse ou que l'on tire), poupées et maisonnettes, jouets d'adresse, armes: la gamme proposée aux enfants grecs et roma