Dans les livres de Christian Gailly, la femme du héros s'appelle Suzanne. Souvent. Déjà que Suzanne n'est pas un prénom facile à porter, ça dépend, mais le porter dans un livre de Gailly, on voudrait vous y voir, parce que le type à qui il vous marie, Gailly, sa Suzanne, il lui en fait voir, le type. Ici, dans Un soir au club, le type, un soir, dans un club, il se met au piano, du jazz, et il ne la reverra plus, sa Suzanne. Il souhaite même qu'elle se tue en voiture, parce que ça l'arrange vu qu'il vient de rencontrer Debbie, une femme de ces femmes dont on sait qu'elles sont les femmes de nos vies, même si on ne les connaissait pas la veille, il y a des évidences comme ça, des harmonies sexuelles, épidermiques et contingentes, des aimants calmes et ardents qui font de la vie une telle musique qu'on se remet naturellement au piano et à boire, des plaisirs qu'on avait quittés au prétexte que le plaisir ne paye pas. Bref, comme l'auteur lui aussi est bien d'accord pour que Suzanne se tue en voiture, parce que ce Simon Nardis qu'il a inventé, qu'il a remis au piano comme un frère, qu'il a jeté dans les bras de Debbie, ce Simon Nardis, Gailly, il ne va tout de même pas l'empêcher de jouer, d'aimer, alors va pour l'accident de voiture, adieu Suzanne, encore une Suzanne de perdue dans un livre de Gailly, oui, c'est mieux si l'auteur s'en charge, au héros il permet le chagrin et la consolation, il s'arrange, lui, avec le remords. La mort de Suzanne sera le dénouement du livre, la r
Critique
Christian Gailly, entre le jazz et l'âge avoué.
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publié le 10 janvier 2002 à 21h38
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