Alfred Loisy est né en 1857, a été ordonné prêtre en 1879, a enseigné à l'Institut catholique de Paris de 1881 à 1893 avant d'en être renvoyé pour hétérodoxie, a publié divers livres d'exégèse du Nouveau Testament qui lui ont valu d'être excommunié en 1908, dans la foulée de la mise au pas antimoderniste de l'Eglise entreprise par Pie X. Il est alors nommé à la chaire d'histoire des religions du Collège de France où il enseigne jusqu'en 1931 (son successeur est Louis Massignon), puis meurt en 1940, retiré dans sa campagne haute-marnaise mais sans avoir cessé d'écrire. Peu de Français auront autant que Loisy influé sur la pensée du vingtième siècle ­ et pas seulement en France: tout l'immense déploiement exégétique du dernier siècle, même de rêche orthodoxie, s'est avancé sur ses pas. Pourtant, celui-ci est désormais pire encore que méconnu: introuvable, excommunié post mortem non moins qu'ante. Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, coauteurs de la série documentaliste néotestamentaire Corpus Christi pour la télévision, ont exhumé quelques-uns des principaux écrits de Loisy et les ont remis à la disposition des lecteurs.

Les pages de Loisy sont aux antipodes de sa réputation sulfureuse. L'usage encore nouveau de son temps des méthodes critiques et historiques appliquées à la lecture de l'Ecriture est largement tombé dans le domaine public. Ce que risquerait Loisy aujourd'hui, plutôt qu'une excommunication, est une barrette de cardinal. Les exégètes contemporains échafaudent des h