Taipei-Macao-Paris envoyé spécial
Des centaines de milliers de fiches cartonnées méticuleusement remplies... Qui deviennent 42 volumes de tapuscrit au papier jauni... Pour aboutir à la sortie aujourd'hui à Paris des 8 500 pages en sept volumes, élégamment imprimés, du Grand Ricci, le plus important dictionnaire jamais publié entre le chinois et une langue étrangère, en l'occurrence le français. Une oeuvre sans équivalent: alors que le plus gros dictionnaire chinois-anglais affiche 170 000 définitions, le Grand Ricci en possède 300 000. Il couvre également 13 400 caractères chinois, alors que, selon un spécialiste, avec seulement 1 000 caractères de base, on reconnaît 9 idéogrammes sur 10 dans un journal chinois.
Résumer ainsi le demi-siècle d'histoire qui a été nécessaire pour aboutir à ce résultat rend peu justice à l'ampleur de la tâche dans laquelle se sont lancés à l'origine une poignée de missionnaires jésuites. Les pionniers des débuts ne sont plus là le dernier coordonnateur du dictionnaire, le père Claude Larre, s'est éteint le mois dernier à 88 ans pour assister à l'épilogue d'une entreprise insensée, animée par la foi, un grand intérêt pour la culture chinoise et le désir de contribuer à un dialogue de civilisations pas toujours commode. Près de deux cents personnes, plusieurs générations de sinologues jésuites et non jésuites, chercheurs religieux et laïcs, ont consacré plusieurs années de leur vie à cette oeuvre exceptionnelle.
Sans être un travail de nature rel