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Libération
Critique

Vues de Ney.

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Un boulevard extérieur raconté de l'intérieur par Jean Rolin.
publié le 17 janvier 2002 à 21h43

Le maréchal Ney et le boulevard extérieur, à Paris, qui lui doit son nom, se prénomment Michel. Cela se sait peu tant il est rare d'avoir assez de familiarité avec un maréchal ou un boulevard pour les appeler par leur prénom (un riverain, peut-être?). Jean Rolin habite ailleurs et n'a pas connu le maréchal, et pourtant, on accepte, on comprend, et, à l'usure, on partage la tendance qu'il a de dire Michel Ney, parce qu'il l'a lu dans l'«oeuvre inachevée du général Bonnal: trois volumes in-quarto publiés à la veille de la Première Guerre mondiale et consacrés à la Vie militaire du maréchal Ney, duc d'Elchingen, prince de la Moskova. Enfin, lire est une façon de parler: je les parcourais, distrait souvent, car il est assez chiant, le général Bonnal». Michel Ney fut un enfant roux presque allemand, courageux, et assez bête pour être très courageux, il apprit la flûte en prison avant que, selon le titre du tableau peint par Jean-Léon Gérôme, le 7 décembre 1815, 9 heures du matin, et que Jean Rolin (ou plutôt le narrateur dont rien ne le distingue) alla observer à Sheffield, on le passe par les armes pour cause de première empirite aiguë, dans les Jardins de l'Observatoire.

Quant au boulevard, Jean Rolin, là oui, (enfin, on veut dire, le narrateur) il l'a connu personnellement. A quelques stations de métro de chez lui, des mois durant, il a loué des chambres d'hôtel à prix fixe et à succursales multiples, avec vue sur le périphérique, la chambre 611 (le 31 décembre 2000) qui ouvre